Autoportrait d’après Michel Leiris
Kaja Niewiarowska (2011) ©
Bien qu’il y ait des moments où je me sens encore enfant, je suis devenue adulte il y a quelques mois. Je suis au milieu de ma dix-neuvième année, mais parfois on me trouve plus âgée en raison de mon assez haute taille. Mes cheveux blond cendré et épais ne sont pas aussi longs que je voudrais, et c’est donc la raison pour laquelle ils ressemblent, pour le moment, à un désordre frisé et mat.
Selon moi, mes particularités les plus frappantes sont : un long cou qui monte à mon visage, sur lequel se trouvent des yeux bleus plutôt petits, couleur de mer par temps froid et nuageux, et encadrés de cils à peine visibles à moins qu’ils soient maquillés, et au milieu duquel se dresse un nez quelque peu trop large, qui fait donc ressembler mon visage à une pièce trop meublée. Au-dessous de mes lèvres habituellement plissées se trouve la plus récente addition sur mon visage : une cicatrice encore fraîche, le résultat des bêtises d’un chauffeur de taxi varsovien. Ma peau, en train de perdre sa lueur d’été, retourne au pâle ton plus caractéristique de mon patrimoine septentrional.
J’ai les mains d’un enfant – petites pour ma taille et faibles, avec quelques petites taches de rousseur éparpillées sur ma peau, et des ongles rarement vernis mais toujours bien tenus. Mes poignets, autour desquels se trouve souvent un bracelet, sont bien maigres. Dénotant l’aspect fragile de mon caractère, franc et féminin, leur apparence délicate me plaît.
En accord avec ma taille, ma tête est assez grande et mes joues quelque peu grosses. Mes membres se tendent ; mes jambes sont longues mais musclées, et mes bras, au contraire assez faibles, rejoignent élégamment mes épaules quand je me souviens de me tenir droite.
J’ai l’habitude de marcher fièrement, à pas lourds et rapides. Je me redresse pour avoir l’air plus grande. Mais lorsque que je suis assise, il faut que je me détende, et que je dispose mes membres-échalas pour être à l’aise.
Ma voix basse ne court pas aussi vite que mes pensées, et c’est la raison pour laquelle parfois je semble agitée. Ça me fait plaisir quand je suis composée et capable de parler sur un joli ton, et éloquemment.