ZOLA (1840-1902), GERMINAL
OBSERVATION ET ÉCRITURE (EXPLICATION DE TEXTE)
Bande-annonce de la version cinématographique, Claude Berri (1993)
CONTEXTE: Germinal raconte l’histoire d’Etienne Lantier qui vit dans le Nord de la France avec une famille de mineurs, les Maheu. Nous sommes en 1866. Etienne vient d’organiser une longue grève par laquelle les mineurs protestent contre leurs conditions de travail ; ils réclament du pain. La grève a échoué. Affamés, les ouvriers se révoltent et se dirigent vers le siège régional de la compagnie minière à Montsou. Cachés dans une grange, des bourgeois (dont la femme du directeur de la mine) regardent passer l’émeute.
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The Insurrection, Honore Daumier, c.1852 – c.1858, Public Domain, wikiart
Germinal, Scène de l’émeute (chapitre V, 5e partie)
-Non, non, je ne veux pas regarder, dit Cécile en allant se blottir dans le foin.
Mme Hennebeau, très pâle, prise d’une colère contre ces gens qui gâtaient un de ses plaisirs, se tenait en arrière, avec un regard oblique et répugné ; tandis que Lucie et Jeanne, malgré leur tremblement, avaient mis un œil à une fente, désireuses de ne rien perdre du spectacle.1La scène de l’émeute va être vue dans la perspective des bourgeois, qui se cachent.
Le roulement de tonnerre approchait, la terre fut ébranlée, et Jeanlin galopa le premier, soufflant dans sa corne.
– Prenez vos flacons, la sueur du peuple qui passe ! murmura Négrel, qui, malgré ses convictions républicaines, aimait à plaisanter2Le légèreté de Négrel (il se moque du peuple qui sent mauvais) va bientôt être remplacée par le sérieux de la situation. Voir le << Mais >> qui ouvre le paragraphe suivant. la canaille avec les dames.
Mais son mot spirituel fut emporté dans l’ouragan des gestes et des cris. Les femmes avaient paru3Plus-que-parfait qui indique la rapidité de l’action et trahit la perspective limitée des bourgeois, qui ont un champ de vision (une conscience) limité. L’émeute les surprend, ils ne l’ont pas anticipée.,près d’un millier de femmes4Première vague: les femmes et les enfants, aux cheveux épars, dépeignés par la course, aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles5Notez tous les mots qui animalisent les femmes (perspective des bourgeois). lasses d’enfanter des meurt-de-faim. Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l’agitaient, ainsi qu’un drapeau6Cherchez d’autres références à la révolution française. de deuil et de vengeance. D’autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons ; tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre. Et les hommes7Deuxième vague qui amplifie (multiplie) la première. déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des raccommodeurs, une masse8Relevez d’autres marques de l’unité du peuple en marche – mouvement qui s’oppose aux individus immobiles dans la grange. compacte qui roulait d’un seul bloc, serrée, confondue, au point qu’on ne distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loque, effacés dans la même uniformité terreuse. Les yeux brûlaient9La perspective change: Zola semble entraîner son lecteur au sein de l’émeute. Cherchez d’autres marques de ce changement de perspective., on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant la Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure. Au-dessus des têtes, parmi le hérissement des barres de fer, une hache passa, portée toute droite ; et cette hache unique, qui était comme l’étendard de la bande, avait, dans le ciel clair, le profil aigu d’un couperet de guillotine.
“Quels visages atroces !” balbutia Madame Hennebeau.
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| ↥1 | La scène de l’émeute va être vue dans la perspective des bourgeois, qui se cachent. |
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| ↥2 | Le légèreté de Négrel (il se moque du peuple qui sent mauvais) va bientôt être remplacée par le sérieux de la situation. Voir le << Mais >> qui ouvre le paragraphe suivant. |
| ↥3 | Plus-que-parfait qui indique la rapidité de l’action et trahit la perspective limitée des bourgeois, qui ont un champ de vision (une conscience) limité. L’émeute les surprend, ils ne l’ont pas anticipée. |
| ↥4 | Première vague: les femmes et les enfants |
| ↥5 | Notez tous les mots qui animalisent les femmes (perspective des bourgeois). |
| ↥6 | Cherchez d’autres références à la révolution française. |
| ↥7 | Deuxième vague qui amplifie (multiplie) la première. |
| ↥8 | Relevez d’autres marques de l’unité du peuple en marche – mouvement qui s’oppose aux individus immobiles dans la grange. |
| ↥9 | La perspective change: Zola semble entraîner son lecteur au sein de l’émeute. Cherchez d’autres marques de ce changement de perspective. |