GILBERT CESBRON (1923-1979)
LES TROIS COURAGES (De la non-violence)
OBSERVATIONS ET ANALYSE
CONTEXTE: Essai argumentatif de Gilbert Cesbron réhabilitant la non-violence & Compte-rendu critique de Yan Harman, étudiant.
OBJECTIFS: Compréhension écrite & Préparation au compte-rendu critique.
INSTRUCTIONS:
I. Lisez attentivement l’essai de Gilbert Cesbron.
II. Lisez attentivement le compte-rendu critique de Ian Hartman.
III. Identifiez tous les commentaires analytiques du compte-rendu de Ian, copiez-les dans les cases ci-dessous et cliquez sur “Vérifiez les réponses”.
I. LES TROIS COURAGES
Gilbert Cesbron
Il n’existe pas qu’un seul courage, le fameux courage des braves ; mais il existe des courages : le “courage de papier”, celui dont parlait Mauriac, et qui consiste à écrire, parce qu’on les croit vraies et utiles, des choses qui peuvent vous valoir des ennuis ; puis le “courage de feu”, ce courage qui fait qu’on va au-devant d’un risque de souffrance et de mort ; enfin il en existe un troisième qui, à mes yeux, est le courage des courages : je l’appelle le “courage de pierre”, parce qu’il conduit un personnage en prison pour ses convictions non violentes. Mais surtout, il est acculé au mépris des autres – et c’est pourquoi ce courage-là est beaucoup plus exigeant. La certitude d’être incompris est finalement une épreuve plus grave que celle d’être blessé.
Très longtemps, on a confondu la non-violence avec le pacifisme bêlant, et le pacifisme – bêlant ou non – avec la lâcheté. La non-violence semblait le contraire même du courage, alors qu’elle exige plus de courage que n’en requiert la violence. D’abord parce que nous avons des tendances à l’agressivité et que la violence satisfait en nous bien des désirs viscéraux. Ensuite parce que la violence entraîne une pluie de médailles et l’estime de tous. La violence, hélas, c’est très flatteur. Les héros des films de violence plaisent au public et séduisent les femmes et les jeunes. Ce sont des “héros” au sens propre du mot. Tandis que la non-violence entraîne encore le mépris ; et aussi des risques plus grands que la violence, puisqu’on est désarmé.
De la non-violence
Séries technologiques – Juin 1982
II. Compte-rendu critique sur Les Trois Courages
© Ian Hartman – (étudiant, NYU, 2010)
Paragraphe 1
Dans son essai anti-guerre « Les Trois Courages », Gilbert Cesbron illustre méthodiquement et directement pourquoi le pacifisme est une forme d’action (ou de résistance) plus admirable que les autres, et pourquoi il entraîne plus de courage, plus de détermination, et plus de convictions personnelles. Au début de l’essai, il déclare qu’il «n’existe pas qu’un seul courage», mais plutôt «des courages». Puis il énumère et explique ses catégories : premièrement il y a le «courage de papier», qui implique l’écriture, la transmission des idées de la psyché au moyen du papier et du stylo. Deuxièmement il y a le «courage de feu », celui qui entraîne le danger physique. Et finalement il y a le courage le plus valorisé par Cesbron : «le courage de pierre». Ce courage est celui de la non-violence, l’acceptation d’être tourné en ridicule et d’être envoyé en prison pour ses idées.
Paragraphe 2
La manière dont Cesbron présente son argumentation ressemble à l’écriture d’une fable ou d’une histoire pour les enfants. Le texte est court, simple, et en somme très facile à comprendre. Cette simplicité est surtout due à la qualité imagistique des catégories de Cesbron (encore une fois, on peut les imaginer sous forme d’illustrations dans un livre pour enfants). En effet le papier est léger, presque loin du monde physique ; il illustre donc le courage le moins fort. À l’opposé, le feu brûlant est fort ; il conquiert tout avec sa formidable force physique (y compris le papier, significativement). C’est donc le symbole du courage le plus physique, le plus violent. Finalement, la pierre est dure, stable, voire infinie. Alors que le papier peut être déchiré, alors que le feu peut être éteint, la pierre subsiste, sans aucun changement, sans aucun mouvement. Peut-être que le feu peut brûler la surface d’une pierre, mais son cœur survit—comme les grandes idées survivent à la violence, même si le corps est cassé. C’est la raison pour laquelle la pierre est le symbole des «convictions non violentes » : Cesbron veut dire que ces convictions sont les plus solides et les moins susceptibles d’être influencées par des forces externes.
Paragraphe 3
Ensuite, avec beaucoup de concision, Cesbron explique pourquoi le courage de pierre est si admirable, pourquoi le pacifisme entraîne plus de courage que les autres formes. D’habitude, dit-il, la non-violence est associée à «la lâcheté». Pour beaucoup de gens, elle «[semble] le contraire même du courage». Cesbron attribue cette attitude au fait que notre société est attirée par la guerre et par la violence, qui «[satisfont] bien… [nos] désirs viscéraux». De plus, dans notre société la violence c’est « très flatteur ». Contrairement au pacifisme, la violence y est valorisée et les actes «héroïques» demandant la violence sont récompensés par des médailles. Cette conception de la violence est encore plus renforcée par les «héros des films de violence», films que tout le monde regarde avec plaisir. Ces valeurs sont donc enracinées dans notre culture, enseignées à un jeune âge : la violence est admirable. Malgré tout cela, pour Cesbron la non-violence reste «le courage des courages», puisqu’elle n’entraîne pas seulement «le mépris», mais aussi «des risques plus grands que la violence, puisqu’on est désarmé. »
Paragraphe 4
Ni très long ni très détaillé, cet essai sert bien l’argumentation de Cesbron, premièrement en désassemblant la notion de «courage», et puis en montrant comment l’héroïsme associé à la violence est une construction de notre société et de nos «désirs viscéraux». Le ton de ce texte est passionné et poétique, mais l’argumentation est aussi très logique. Pour moi, c’est admirable que Cesbron ait eu la capacité d’écrire quelque chose de si court tout en présentant une argumentation si forte. Son style et sa concision sont aussi louables que ses idées.
Remarquez que Ian cite Cesbron et que le lecteur n’a pas besoin d’avoir lu l’essai pour comprendre son analyse. Notez aussi les marqueurs de liens qui renforcent l’argumentation.
III. Commentaires analytiques du compte-rendu
Vérifiez les réponses
2 PARAGRAPHES ENTIÈREMENT ANALYTIQUES : 2 et 4
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2 observations analytiques dans le premier paragraphe :
Dans son essai anti-guerre . . .
. . . Gilbert Cesbron illustre méthodiquement et directement . . .
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1 observation analytique dans le 3e paragraphe :
Ensuite, avec beaucoup de concision, Cesbron explique pourquoi . . .