L’HISTOIRE DES TROIS SOURDS
OBSERVATION ET ÉCRITURE
Illustration Soir Portail Bassa By Winnie for AGRIPO [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], from Wikimedia Commons
CONTEXTE: Conte africain (Cameroun) écrit conformément à la tradition orale.
OBJECTIFS: Développement de la narration au passé; grammaire, syntaxe et compréhension écrite.
INSTRUCTIONS: Lisez ce conte, recherchez les mots que vous ne connaissez pas et passez la souris sur les annotations. Faites ensuite l’activité écrite.
L’histoire des trois sourds
Texte reproduit avec la permission de bonaberi.com, Cameroun.
C’est l’histoire d’une femme. Elle était sourde, tellement sourde qu’elle n’entendait rien.1Si ce conte n’imitait pas la tradition orale, on pourrait lier les deux premières phrases par un pronom relatif. Tous les matins elle portait son enfant sur son dos et elle se rendait à son champ. Elle avait un immense champ d’arachides. Et un matin qu’elle était là, tranquillement à travailler dans son champ, arrive2Présent pour rendre le récit plus vivant. un monsieur. Un monsieur3Répétition : langage parlé tellement sourd qu’il n’entendait rien. Et ce monsieur cherchait ses moutons. Ecoutez-bien ! Il s’adressa à la dame :
– Madame, je cherche mes moutons, leurs traces m’ont conduit jusqu’à votre champ. Est-ce que vous ne pourriez pas m’aider à les retrouver ? D’ailleurs, on les reconnaît bien mes moutons4Répétition d’insistance : langage parlé, parmi eux, il y a un mouton blessé. Madame si vous m’aidez à retrouver mes moutons, je vous donnerai5 Hypothèse probable ou plausible : “Si + présent + futur” ce mouton blessé vous pourrez toujours vous en servir.
[…] Mais elle, n’ayant rien entendu6 Forme composée du participe présent (antériorité). Ici le participe présent indique une relation de cause à effet : c’est parce qu’elle n’avait rien entendu qu’elle a pensé que… ., rien compris, elle a pensé que ce monsieur lui demandait juste jusqu’où son champ s’arrêtait. Elle se retourna pour lui dire :
– Mon champ s’arrête là-bas.
Le monsieur a suivi la direction indiquée par la dame et par un curieux hasard il trouva ses moutons en train de brouter tranquillement derrière un buisson. Tout content il les rassembla et est venu remettre à la dame le mouton blessé. Mais celle-ci, n’ayant rien entendu, rien compris, elle7 Si ce récit n’imitait pas la tradition orale, la répétition de pronom ne serait pas nécessaire. a pensé que ce monsieur l’accusait d’avoir blessé son mouton. Alors elle s’est fâchée :
– Monsieur, je n’ai pas blessé votre mouton. Allez accuser qui vous voulez mais pas moi. D’ailleurs des moutons, je n’en ai jamais vu.
Le monsieur quand il a vu que la femme se fâchait, il a pensé que8 Si ce récit n’imitait pas la tradition orale, la répétition de pronom ne serait pas nécessaire. D’autre part on écrirait plutôt : « Quand le monsieur a vu que…, il a pensé que.. . ». cette femme ne voulait pas de ce mouton mais qu’elle voulait d’un mouton plus gros. Et à son tour, il se fâcha :
– Madame, c’est ce mouton que je vous ai promis. Il n’est pas du tout question que je vous donne le plus gros de mes moutons.
Tous les deux ils se fâchèrent, ils se fâchèrent à un tel point qu’ils finirent par arriver au tribunal. Et le tribunal dans cette Afrique d’il y a longtemps, cela se passait sur la place du village, à l’ombre d’un grand arbre, l’arbre à palabres le plus souvent un baobab. Et le juge, lui qui était en même temps le chef du village il était là entouré de tous ces gens qu’on appelle les notables. La dame et le monsieur sont arrivés tout en continuant leur querelle.9“tout” renforce la simultanéité. Et après les salutations c’est elle qui parla la première :
– Ce monsieur m’a trouvée dans mon champ, il m’a demandé jusqu’où mon champ s’arrêtait. Je lui ai montré et j’ai repris mon travail. Ce monsieur est parti et quelques instants après il est revenu avec un mouton blessé m’accusant de l’avoir blessé. Or10« Or » : Lien logique ayant ici pour fonction d’ajouter une information contradictoire. On peut le traduire en anglais par « well ». moi je jure que des moutons j’en ai jamais vu.11 Langage parlé (à l’écrit il faudrait dire : “je n’en ai jamais vu”.) Voilà pourquoi on est ici monsieur le juge.
C’était au tour du monsieur :
– Je cherchais mes moutons, dit-il, et leurs traces m’ont conduit jusqu’au champ de cette dame. A cette dame j’ai dit que si elle m’aidait à retrouver mes moutons je lui donnerais12 L’homme rapporte au style indirect ce que la femme lui a dit. Donc la structure « si + présent + futur » devient « si + imparfait + conditionnel. un d’entre eux mais j’ai bien précisé le mouton blessé. Elle m’a montré mes moutons, c’est ce mouton blessé que je lui ai donné. Elle veut un mouton plus gros. Pensez-vous que je vais lui donner le plus gros de mes moutons à deux pas de la fête des moutons ?
Le juge se leva. Il était aussi sourd qu’un pot.13Expression populaire Et quand il a vu l’enfant sur le dos de sa mère il a pensé qu’il ne s’agissait là que d’une petite querelle de ménage. Alors il s’adressa au monsieur :
– Monsieur. Cet enfant est votre enfant. Regardez d’ailleurs comment il vous ressemble. A ce qu’il me semble vous êtes un mauvais mari. Et vous madame, des petits problèmes comme cela.14Fragment de phrase Ce n’est pas la peine de venir jusqu’ici étaler ça devant tout le monde. Rentrez chez vous ! Je souhaite que vous vous réconciliiez.
Ayant entendu15 Forme composée du participe présent : Après avoir entendu ce jugement… ce jugement, tout le monde éclata de rire. Et le rire contamine16Présent pour animer le récit le juge, la dame et le monsieur. Que firent-ils ? Ils éclatèrent de rire bien que n’ayant rien compris17 Structure infinitive (ici au passé) car la principale et la subordonnée ont le même sujet.
. Et c’est à partir de là que le conte pose sa question : Le conte voudrait savoir, lequel de ces trois est le plus sourd ? […]
Écriture, syntaxe et compréhension
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↥1 | Si ce conte n’imitait pas la tradition orale, on pourrait lier les deux premières phrases par un pronom relatif. |
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↥2 | Présent pour rendre le récit plus vivant. |
↥3 | Répétition : langage parlé |
↥4 | Répétition d’insistance : langage parlé |
↥5 | Hypothèse probable ou plausible : “Si + présent + futur” |
↥6 | Forme composée du participe présent (antériorité). Ici le participe présent indique une relation de cause à effet : c’est parce qu’elle n’avait rien entendu qu’elle a pensé que… . |
↥7 | Si ce récit n’imitait pas la tradition orale, la répétition de pronom ne serait pas nécessaire. |
↥8 | Si ce récit n’imitait pas la tradition orale, la répétition de pronom ne serait pas nécessaire. D’autre part on écrirait plutôt : « Quand le monsieur a vu que…, il a pensé que.. . ». |
↥9 | “tout” renforce la simultanéité. |
↥10 | « Or » : Lien logique ayant ici pour fonction d’ajouter une information contradictoire. On peut le traduire en anglais par « well ». |
↥11 | Langage parlé (à l’écrit il faudrait dire : “je n’en ai jamais vu”. |
↥12 | L’homme rapporte au style indirect ce que la femme lui a dit. Donc la structure « si + présent + futur » devient « si + imparfait + conditionnel. |
↥13 | Expression populaire |
↥14 | Fragment de phrase |
↥15 | Forme composée du participe présent : Après avoir entendu ce jugement… |
↥16 | Présent pour animer le récit |
↥17 | Structure infinitive (ici au passé) car la principale et la subordonnée ont le même sujet. |