Le peintre et son modèle (1963)
Sur un tableau de Picasso
Hanna Novak (2011) ©
Les rideaux qui s’étendent contre le mur donnent à l’atelier de l’artiste un air calme. C’est un bleu de mer, fluide et foncé, qui nous fait penser à des vacances à Cape Cod. Un tapis jaune citron, presque aveuglant par son éclat et découpé par les meubles de l’atelier, contraste avec ce bleu. Assis sur une chaise en bois, ses gros pieds devant lui, l’artiste tient son pinceau d’une main imposante, abstraite, d’une taille exagérée, s’étendant vers le tableau avec détermination. Le corps de l’artiste est pointu, formé de taches noires et sévères. En tenant sa palette dans l’autre main, il couvre son tableau de couleurs foncées. On se demande si les autres couleurs plus vives préparées sur sa palette, le jaune et l’orange, s’exhiberont sur le tableau qui abonde en bleus et en noirs. Devant lui est posé un modèle : une femme voluptueuse,
toute nue et en vert émeraude, étendue sur une chaise longue rose chair. Sa pose évoque la sexualité. Ses bras relevés sur sa tête, comme ceux d’une ballerine, exposent ses seins. Avec son ventre plein et ses cuisses boudinées, le modèle représente aussi l’archétype féminin : sexuel, maternel, sûr de soi. Situé au coin de l’atelier, un buste de marbre se tient sur une commode à plusieurs tiroirs, regardant majestueusement d’en haut l’artiste et sa muse. Le buste représente, peut-être, la conscience de l’artiste au sujet des « autres »: l’omniprésence de ceux qui voient – et par conséquent, ceux qui jugent – ses créations artistiques.